vendredi

Ne jamais dire la vérité.




Réflexe de survie, pour soi comme pour les autres. La vérité, plus précisément, c’est la réalité brute, fade, violente. Toutes ces petites choses qu’on croit belles et qui sont grouillantes, flippantes. Tiens, tu trouves ça cool, les tartines de Nutela avec tes potes? Pense au système digestif. La vérité, c’est ça : c’est expliquer à quelqu’un le trajet de son Nutela du jour.

On fait des tas de trucs, pour éviter la vérité. On écrit des chansons, des bouquins, on fait des films. On se plonge à corps perdu dans un aspect de la vie, pour oublier les autres : on travaille beaucoup trop, ou alors, on baise beaucoup trop. On fait tout pour oublier des morceaux de réel. Parce qu’il est trop abject, parce qu’il faut l’arranger un peu.

J’dis pas qu’il faut fumer et oublier le monde, non. J’dis pas qu’il faut se cacher. J’dis juste que toute oeuvre d’art, toute relation à l’autre, est un mensonge, et que sans ces mensonges personne n’aurait le coeur de respirer. Personne n’est capable d’être tout à fait franc, tout à fait honnête, parce que ça sert à rien de bêtement décrire ce qui nous entoure, sans chercher à y mettre au moins un grain de poésie. Ou si c’est pas de la poésie, un grain d’autre chose, de n’importe quoi.

Alors tant pis si on cache. Tant pis si on trompe, et tant pis si on transforme. On est absoluement incapable de regarder les choses en face : mieux vaut les regarder de côté plutôt que d’être aveugle.

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