lundi

Ne jamais faire de classe prépa.


 Vomir.

Tout ce dont tu peux avoir envie après avoir passé 6h le cul sur une chaise. Faut être taré pour se dire que tiens, ce serait pas mal, de faire ça toute l’année. Clair, ça t’ouvrirait des portes, ça ferait joli sur le CV, puis le lycée est bien côté, et puis la culture, la littérature, l’amour de la … Fuck. Vous leur dîtes, aux petits qui arrivent, que quand on a fait une année, on en fait une deuxième? Et que pendant la deuxième, tous les mercredis de 13h à 19h, c’est le cul sur une chaise à composer?

Et ils ont pas encore vu à quoi ressemble le concours blanc. Mais n’y allez pas ! Putain, vous plus belles années ! D’ici deux ans, vous regretterez, de pas avoir pris des cuites toutes les semaines, de pas avoir dormi à la belle étoile en fumant un joint, de pas avoir draguer, de pas avoir prit soin de votre peau, de pas avoir prit le temps de rien faire. Vous aurez le teint pâle, vous aurez mal au coeur, vous aurez du mal à ouvrir un bouquin.

L’an dernier, j’aimais pas les gens qui se plaignaient : après tout, on avait choisi, et on avait été choisi. Et puis, y’avait la passion… Elle est où, la passion, après 6h de dissertation? Il est où, le grognement de plaisir quand tu te cales sur ton canapé pour ouvrir ton Dostoïevski, ton Arendt, ton Balzac? Il est où, l’éclat de rire qui fait se retourner tout le wagon contre toi? L’oeil à peine humide, à la mort d’Hippolyte, à la mort de Joséphine, à la mort de Vincent et de tous ces cons que t’as aimé? Et le rouge qui te monte au joue, quand elle l’embrasse par surprise, quand ils se prennent, où quand ils s’avouent?

On nous l’apprends plus, ça. Oui oui, on a trouvé la parataxe en page 261, et l’anacoluthe au vers 502.
Moi, tout ce que je veux, c’est qu’on m’emmène encore au-delà du réel, qu’on me dise qu’il était une fois, même si c’est pas dans un royaume lointain. Qu’il était une fois un corps sans vie, un mystère, un indice. Qu’il était une fois, pendant la guerre, dans une maison bourgeoise à Paris. Qu’il était une fois, avant-hier, sous une tente plantée de travers. Qu’il était une fois, dans 50 ans, sur le bord de la navette Terre - Vénus.
Alors, n’y allez pas, les gars. Ou plutôt, allez-y, et dès que c’est fini, courrez dans votre canapé ronronner de plaisir.