samedi

Idéaliste.


Croire qu’on a quelque chose à dire, et y accorder une énergie démesurée.

En somme, la seule et unique loi qui régie la vie de l’homme du XXIIème siècle. Oui, car, pour moi, il a déjà commencé, ce siècle que tout le monde refuse de voir. Pompeusement, chacun se prétend cynique, athée, rationaliste, et crève les yeux de tout poète qui n’aurait pas compris les règles du jeu. Les règles du XXIème siècle : célérité et spéculation, pour l’art comme pour le sexe, pour la politique comme pour l’immobilier. Moi, je ne suis pas une cynique. Et je vois bien qu’il y a, ici, juste sous vos petits yeux mesquins, une beauté grandiose que vous refusez de voir.

Moi, je vois des artistes et puis des créateurs, je vois des bénévoles et des aspirateurs.
La preuve en est, petit cynique : dans ton siècle que tu crois pourri jusqu’au trognon, dans ton humanité que tu renies, dans la merde que tu brasses en criant stop aux mots en -tion, dans ce monde sans espoir où tu croies que tu meurs, je viens de faire un alexandrin. La césure du premier vers n’est pas à l’hémistiche, je te l’accorde. Qui plus est, le dernier mot est hors de propos.

Mais je crois qu’au XXIIème siècle, les hommes savent encore écrire des alexandrins.

vendredi

Cf. Adam


L'odeur sur leurs t-shirt. Leur vaisselle pas faite. Leur air concentré. Leur manie d'être en retard. Les posters sur les murs de leurs chambre. Leurs sms. Leurs coups de gueule. Leur fougue, leurs baisers. Leur flegme, leur paresse.Leur manie de tout gâcher en une seule phrase idiote. Leur façon d'être à l'aise partout. Quand ils se regardent furtivement dans un miroir. Quand ils ne savent pas quoi mettre. Leur air perdu dans un magasin. Le bruit de leurs jeux vidéos. Leur respiration qui s'accélère. Leur rire qui éclate. Leur nonchalance.Leurs blagues grossières. Leurs rimes maladroites. Leur talent exaspérant.Leurs complexes puérils. Leur ignorance des convenances. Leur mauvaise humeur. Leurs réflexions blessantes. Leur humour désarmant. Leur culture.Quand ils ne savent pas porter une cravate. Quand ils fument trop. Quand ils lisent trop. Leurs mauvaises manières. Leurs petites manies. Leurs mères. Leurs potes. Leurs ex. 

Tout ce qui fait qu'on ne peut pas se supporter, et que, pourtant, on ne peut pas se passer les uns des autres. 

mardi

Inter-minables




Pourtant, je n'y comprends plus rien, à ce mot qu'on a toutes sur les lèvres. En fait, ce serait plutôt entre les dents, comme un bout de salade pas fraiche, encore pleine de sauce. Dès que je vois une fille sourire, je fais un bon en arrière : l'amour est là, vert, fripé, alien d'une autre époque, lubrifié à souhait et exhibé aux yeux de tous. Et ça me coupe l'appétit.

Pourtant, je vous adore, vraiment. Mais pourquoi faut-il que ce soit si dur, de s'y retrouver, de s'y comprendre, de s'y sentir au frais et au calme? C'est pas de votre faute, bien sûr. Ni tout à fait de la nôtre. Mais ces soubresauts à contretemps sont épuisants, j'y comprends rien.

Il voudrait bien. Il ne veux plus. Il n'en sait rien, au final, et pendant ce temps là, mon petit cervelet de pigeonne gambade, va paître la laitue des sentiments : la sauce douceâtre m'a complètement tourné la tête, et au final, je reste sur ma faim. On finit toutes seules, un vieux bout d'amour dans la bouche, un peu de bave sur le menton, les yeux écarquillés.

J'ouvre grand, très grand les yeux, et je n'y vois pas plus clair. C'est simple, pourtant. Mais la vie nous ferait presque croire qu'on ne maîtrise pas nos appels frénétiques, nos e-mails enragés, nos baisers volés et nos coïts enivrés, qu'ils sont dictés comme par une force supérieur qui nous entraîne, malgré nous. Notre volonté est ravagée à grands coups de brosse à dents, mais le petit bout d'amour est tenace. 

Bref, tout ça pour quoi.
Pour dire que je fais n'importe quoi.

Que je dis des bêtises aux premières oreilles qui passent, que je ne sais pas m'énerver après les bonnes personnes. Que je me suis laissée ravager le cœur par un dément, et qu'aujourd'hui, je lui trouve tous les charmes du monde. Que je laisse ce qui devrait être la chose la plus pure, la plus magique, aux mains d'inconnus inquiétants. Que je crois aimer un fantôme, qui me hante : je me débats comme une folle pour le repousser, mais rien à faire. Que ni mon corps, ni mon cœur, ne sont capables de faire ce qui est bon pour eux. Que milles ombres m'entourent, se succèdent, ne se ressemblent pas, me font peur.

Que quand je crois que je l'aime, je ne sais même pas de qui je parle.

Bref, tout ça pour quoi. Pour dire que je fais n'importe quoi.

Et que la salade, c'est pas vraiment le meilleur plat du monde.