mercredi

"Le mec de la tombe d'à côté" - Katarina Mazetti






Quand ma pote Nahil m'a vu avec ce bouquin dans les mains, elle s'est foutue de ma gueule. La couverture représente une jeune fille avec une robe, dont on ne voit pas le visage et qui tient dans sa main un gros coeur rouge en carton. "Eh mais ça a l'air trop merdique quoi". Peut-être parce que ça a l'air d'une histoire d'amour, et bonne pioche, c'est une histoire d'amour, les amis !

Une histoire vachement bien.



Alors, le titre original c'est Grabben i graven bredvid. Eh oui, c'est suédois, les amis ! Publié en 1999, mais arrivé en France en 2006 seulement, et grâce à un de mes meilleurs amis (j'ai nommé : Wikipédia) je viens d'apprendre qu'il y a une suite, Le Caveau de famille. Je viens aussi d'apprendre qu'il y a eu une interprétation au cinéma et une pièce de théâtre. Je suis donc sur le cul, les amis ! Je vais m'empresser d'assister à tout cela.


Katarina Mazetti
Mais d'abord, je vous parle du bouquin. 

Le mec de la tombe d'à coté, ça parle d'une nana qui a un prénom bien pourrie : Désirée. Elle est bibliothécaire elle a 35 ans, elle lit Lacan et aime l'opéra. Une bonne petite nénette assez sage. Son mari est mort, alors elle lui rend visite au cimetière de temps à autre, et à côté, y'a une tombe trop laide. Avec de gros angelots ridicules, des lettres d'or grotesques... Et un type, tout aussi ridicule et grotesque, qui vient arroser les bégonias. Lui, c'est Benny, agriculteur. Lui, il aime ses vaches, et cherche une gentille femme qui sait faire les boulettes de viandes et qui peut lui donner un coup de main pour gérer sa ferme.


Autant dire qu'ils n'ont rien à foutre ensemble.
Et pourtant, y'a comme un coup de foudre, et ils s'entichent l'un de l'autre.

La pièce de théâtre,
ça donne un peu le ton
simple et poétique du roman
Alors, c'est très drôle, les amis. C'est fait avec beaucoup, beaucoup de légèreté et de poésie, à petits pas, sans grosses ficelles même si on a l'impression qu'on devine à l'avance ce qui va se passer. On est surpris sans arrêt. Par lui, par elle, et ce qui fait le charme, c'est les deux voix alternées : mésinterprétations, incompréhensions, on prend conscience de ce que "la difficulté d'entretenir une relation" veut dire. Déjà, parce qu'ils viennent de deux mondes différents (le paysan et la bo-bo), ensuite parce qu'ils ont des caractères bien trempés.



Parce que bon,
l'amour, c'est bien
Un vrai style, aussi, qui rappelle un peu Foenkinos pour ceux qui connaissent. C'est frais, c'est doux, c'est... je sais pas trop comment vous dire ça, c'est un peu une salade de concombre en sauce poivrée, c'est croquant, piquant et rafraîchissant. Et surtout, réaliste : les vraies difficultés d'une histoire d'amour. On oublie, les tirades enflammées, les grandes déclarations. On touche au concret : tu quitte ton loft pour venir à la ferme, ou pas? Tu vends ta ferme pour habiter en ville, ou pas? On fait quoi, on fait un gosse, ou pas? On pense concret : quel budget, quelles vacances, quel style de vie à deux.


Et du coup, on va droit au clash. 

Deux adultes, avec leur rythme de vie et leurs attentes, qui se confrontent et agissent comme des gosses, parfois. Souvent. Finissent par battre de l'aile mollement, jusqu'à la décision finale : ça marche, ou pas? Ceux qui auront connus une histoire longue, ou en tout cas, une histoire sérieuse, pourront reconnaître les moments décisifs, qui reposent pourtant sur de petits détails insignifiants. La limite à la vraisemblance : la poésie de Mazetti, comme un réflexe, qui nous pond de petites merveilles imprononçables à l'oral, mais qui fondent dans la pupille.



Anouck est émue.
Est-ce qu'il faut parler d'une esthétique suédoise? S'il y a des connaisseurs, j'attends vos avis : moi je ne sais pas encore.

Un vrai coup de coeur pour moi, à lire absolument, pour partir en voyage pas trop loin de chez soi. Pour vivre, ou pour revivre, les petites amertumes et les brefs émerveillements du quotidien. Pour vivre ou pour revivre l'amour, aussi, sous toutes ses formes.





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