mercredi

Pourquoi The Hardliners vaut le détour



Salut les p'tits loups !
Dans mes promesses récentes, je devais vous parler de théâtre, mais aussi de littérature en tout genre. Alors on va pas s'attaquer au gros morceau tout de suite, hein, je sais pas quelle heure vous avez mais moi j'ai sommeil.

Aujourd'hui, je vous parle juste de The Hardliners.
"Juste", c'est quand même pas très sympa, mais vous avez compris l'idée. The Hardliners, c'est un web roman sur internet, et si t'es pas totalement con, je n'ai pas à t'expliquer le concept du web roman : dans celui-ci, on suit le brave ... enfin, le sympathique ... ok, on suit un mec absolument imbuvable à l'existence vaine qui s'appelle Harry et qui écrit un bouquin. Une maison d'édition finit par reconnaître son (talent?) acharnement, et à partir du moment où il va être publié, la vie vacille. En fait, elle vacillait déjà un peu avant, la vie : des études ennuyeuses, une famille bancale, des vagins aléatoires...

Bref, The Hardliners, c'est le quotidien d'un paumé sur son chemin au milieu des faux jetons, des hypocrites et des ignorants, le parcours d'un type pas fameux mais pas mauvais non plus.


I - Alors, pourquoi je n'aime pas The Hardliners.

Je n'aime pas Harry, j'ai envie de lui mettre des claques, tellement c'est une caricature de lui-même : phrases interminables et alambiquées, périphrases, métaphores lourdes et obscures, quoi qu'il ait envie de nous dire il le dit mal. Parler bien n'est pas parler clair, et parfois, je comprends rien à ce qu'il jacte. Tu es comme moi, t'as déjà assez de charabia théorique en cours, t'as pas en plus envie que ton divertissement quotidien soit aussi lisible qu'une notice Ikea traduite par Jung. Je n'aime pas Max, le meilleur pote d'Harry, parce que Max n'existe pas, et que je n'aime pas les fantoches. Je n'aime pas Sarah, qui est une lubie pornographique ridicule, je ne déteste rien de plus que des personnages qui sonnent creux tant ils ne sont inspirés de personne. On a souvent la sensation que l'Hardliner a envie de nous dire un truc, quelque chose de profond et de vrai, un truc fort, caustique, il prend son élan pour mettre une claque à nos idées reçues : une fois sur deux c'est une réussite. Les autres fois, trop de mots, pas les bons, et nous on scroll down. L'intention anti-consensuelle et provocatrice est louable, mais à trop grossir le trait, l'Hardliner crée l'effet inverse.


II - Maintenant, pourquoi j'aime The Hardliners. 

J'aime Harry. Et oui, ce miracle est possible ! Vous avez déjà du rencontrer ce genre d'homme. Vous arrivez dans leur vie à un moment bizarre, un moment charnière où ils sont enfermés dans des considérations sombres, mélodramatiques et très égocentrées : ils vous voient à peine. Vous n'êtes qu'une distraction, et vous contribuez à leurs théories cheloues sur la vie, les femmes, le sexe. Votre sexe, généralement, vu que c'est là qu'ils font le plus de dégâts avant d'aller jouer plus loin. Et si vous êtes un peu intelligentes, vous les détestez ces mecs-là. Pourtant, vous restez. 

On est toutes bien conne. Harry, il est attachant malgré sa dégaine d'enfant gâté suffisant, malgré son égo à tiroirs et sa perversion vomitive. C'est juste un gamin qui grandit pas beaucoup, ou plutôt qui croit grandir en se prenant de petites baffes gentilles : on a un peu envie qu'il crève, et un peu envie qu'il nous embrasse. Drôle de fascination ! Et cette fascination, elle vient du style de l'Hardliner. Alors autant j'ai craché sur les périphrases, autant j'ai pu baillé et lever des sourcils dans tous les sens, autant les 3/4 du style sont impeccables. 

Du bref, de l'efficace, du mordant. Déjà, c'est drôle, je vais pas vous mentir, moi je me fends la poire. Ensuite, c'est pertinent, précis, ça va au coeur des choses, et c'est l'instant linguistique que vous attendiez tous : "hardliner" ça veut dire "jusqu'au-boutiste". Pour l'instant y'a que 5 épisodes, je sais pas encore bien dans quel bout il nous emmène, mais y'a quelques moments mythiques et des tournures magiques à ne pas rater. C'est ça qui fait qu'on ralentit le scroll down, et qu'on reste. Comme avec ces même mecs chelous. Attachement / détachement, si vous êtes sociologue vous savez de quoi je parle.


III - Pour finir, pourquoi The Hardliners vaut le détour.

Le fait que j'aime n'est pas un critère. The Hardliners vaut le détour parce que l'angle est original et presque authentique : le monde de l'écrit vu par un étudiant qui a tout pour réussir et autant pour se faire haïr. Même si la personnalité du personnage de Harry manque un peu de réalisme, c'est une lucarne tantôt acerbe et tantôt poétique sur des choses qui nous intéressent tous, à savoir la création, le succès, le sexe, la peur. L'hypersexualisation du récit peut vous piquer les yeux, et parfois elle est inutile, mais la plupart du temps elle donne du cachet à l'histoire, et nous donne un aperçu d'un rythme de vie qu'on a connu, qu'on a abandonné, ou dont on a rêvé.


Si vous ne l'avez pas encore détesté, alors rendez-vous sur The Hardliners.
Ici le premier chapitre pour vous mettre en bouche



1 commentaire:

  1. Bon et bien voilà : je viens dans la vacuité de mon existence actuelle de consacrer quelques heures de mon temps pour me lancer dans la lecture des 6 épisodes de Hardliners !

    Et j'ai apprécié. J'ai bien aimé. J'ai kiffé même. Bon, j'ai un peu de mal avec le style général, faussement subversif et sarcastiquement rebelle qui crache hautainement sur le reste de la société. Mais c'est aussi ça qui en fait l'attrait !

    Merci donc, et n'hésite pas à partager tes prochaines découvertes susceptibles de me faire procrastiner toujours plus !

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